GRIFFONNADE 132 : Lire l'histoire pour relire le présent
Paul Murray Kendall,
dans le prologue de son Louis XI (Ed. Fayard), peint les hommes du XVième siècle plus proches de leurs ancêtres du temps de Charlemagne que de leurs descendants du XXième.
" La masse n'avait qu'une intelligence primitive de l'homme, de la fonction et de la force des institutions, mais sans doute appréciait-elle plus vivement que nous l'aspect tragi-comique, le caractère absurde et merveilleux de l'existence humaine. Les amusements étaient rares mais intensément savourés ; l'ennui était inexistant, ou du moins méconnu ; la précarité de la vie était admise ; largement répandues, la souffrance et la pauvreté n'étaient pas déshonorantes. L'inhumanité de l'homme face à son prochain ne constituait pas une insulte au progrès : elle attestait tout bonnement la réalité de la chute et de l'expulsion du Paradis terrestre. La foi, l'habitude et la résignation venaient adoucir la dure existence de l'homme."
L'intérêt de relire le passé - comme de lire des récits d'anticipation - demeure dans la relecture du présent. Reprendre chaque déclaration de l'extrait précédent et la mesurer à ce qui nous parait qualifier notre époque, voilà qui nous pousse à la fois à préciser ce que nous en savons et ce que nous en pensons.
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