GRIFFONNADE 247 : Correspondance entre Henry Miller et Jean Giono
Paraïs, Manosque, samedi 28 septembre 2013, 10 h. Sous les marronniers, face au perron, un public chanceux : magnifique leçon de ce qu'est une lecture publique. Philippe Lardaud (veste grise, face d'Aramis) et Jean-Christophe Quenon (en pull, visage à la Porthos) lisent les lettres échangées de 1945 à 1951 par Henry Miller et Jean Giono. Mise en bouche toute en finesse et qui traduit l'enthousiasme de l'écrivain américain, passionné par les oeuvres de Giono. Celui-ci, plus réservé, semble étourdi par l'amitié généreuse de cet homme qu'il ne verra jamais. La chute d'un marron ponctue une phrase... On saisit que pour conforter cette amitié épistolaire, Giono souhaite un face à face, une présence. Aussi invite-t-il régulièrement Miller et sa famille à séjourner chez lui, à Manosque. En vain. Ce qui sans doute conduit à l'arrêt de leurs échanges. Une brise frôle le toit... Mise en scène excellant à incarner les deux écrivains par de menus détails : levers de regard, sourires, remises de lettres par-dessus la table, attention aux paroles de l'autre, lecture d'une même lettre passant d'une voix à l'autre... On comprend ce qui rapproche les deux hommes malgré l'océan de leurs différences. Un régal pour les sens. On palpe la connivence des deux comédiens toujours à la lisière d'une interprétation trop entière. Ils savent si bien lire, ces deux-là, que chaque auditrice et chaque auditeur repartent avec la ferme intention de reprendre bientôt un bon vieux Giono, de retrouver un Miller de derrière les fagots de la bibliothèque.
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