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GRIFFE DES MOTS
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25 avril 2014

GRIFFONNADE 195 : Fable (4) / Le roseau et...

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C'est une pure fable !

La première fable connue serait "Le rossignol et l'épervier" (Les travaux et les jours, Hésiode). 

La fable, une anecdote qui donne à dire, qui offre à penser, un mensonge pour masquer de faux propos et les rendre crédibles ? Une fiction pour radoter sur une vérité générale qu'on rabâche depuis la nuit des temps ? Une gentille morale versifiée pour alimenter les récitations des écoles primaires ?

Paul Valéry : "Au commencement était la blague. Et en effet, toutes les histoires s'approfondissent en fables."

Qui lit encore des fables ? Qui en écrit ?

Jean Anouilh, en 1962, joue à mettre ses pas dans les pas de La Fontaine et livre une cinquantaine de fables. Avec plaisir et ironie. Ainsi... en écho... 

Le chêne et le roseau 

Le chêne un jour dit au roseau :
« N'êtes-vous pas lassé d'écouter cette fable ?
La morale en est détestable ;
Les hommes bien légers de l'apprendre aux marmots.
Plier, plier toujours, n'est-ce pas déjà trop,
Le pli de l'humaine nature ? »
« Voire, dit le roseau, il ne fait pas trop beau ;
Le vent qui secoue vos ramures
(Si je puis en juger à niveau de roseau)
Pourrait vous prouver, d'aventure,
Que nous autres, petites gens,
Si faibles, si chétifs, si humbles, si prudents,
Dont la petite vie est le souci constant,
Résistons pourtant mieux aux tempêtes du monde
Que certains orgueilleux qui s'imaginent grands. »

Le vent se lève sur ses mots, l'orage gronde.
Et le souffle profond qui dévaste les bois,
Tout comme la première fois,
Jette le chêne fier qui le narguait par terre.
« Hé bien, dit le roseau, le cyclone passé -
Il se tenait courbé par un reste de vent -
Qu'en dites-vous donc mon compère ?
(Il ne se fût jamais permis ce mot avant)
Ce que j'avais prédit n'est-il pas arrivé ? »
On sentait dans sa voix sa haine
Satisfaite. Son morne regard allumé.
Le géant, qui souffrait, blessé,
De mille morts, de mille peines,
Eut un sourire triste et beau ;
Et, avant de mourir, regardant le roseau,
Lui dit : « Je suis encore un chêne. »

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