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27 avril 2016

GRIFFONNADE 280 : Le bâton de Plutarque

La scytale ou bâton de Plutarque

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Dans son livre Vie des hommes illustresle grec Plutarque, à propos de Lysandre, rapporte : 

Voici, du reste, ce que c’est que la scytale. Quand un général part pour une expédition de terre ou de mer les éphores prennent deux bâtons ronds, parfaitement égaux en longueur et en épaisseur, de façon à se correspondre exactement l’un à l’autre, dans toutes les dimensions. Ils gardent l’un de ces bâtons et donnent l’autre au général : ils appellent ces bâtons scytales. Lorsqu’ils veulent mander au général quelque secret d’importance, ils taillent une bande de parchemin, longue et étroite comme une courroie, la roulent autour de la scytale qu’ils ont gardée, sans laisser le moindre intervalle entre les bords de la bande, de telle sorte, que le parchemin couvre entièrement la surface du bâton. Sur ce parchemin ainsi roulé autour de la scytale, ils écrivent ce qu’ils veulent ; et, quand ils ont écrit, ils enlèvent la bande, et l’envoient au général sans le bâton. Le général qui l’a reçue n’y saurait rien lire d’ailleurs, parce que les mots, tout dérangés et épars, ne forment aucune suite ; mais il prend la scytale qu’il a emportée, et roule autour la bande de parchemin, dont les différents tours, se trouvant alors réunis, remettent les mots dans l’ordre où ils ont été écrits, et présentent toute la suite de la lettre. On appelle cette lettre scytale, du nom même du bâton, comme ce qui est mesuré prend le nom de ce qui lui sert de mesure. (Traduction d'Alexis Pierron)

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 Scytale, scytale, mais ne serait-ce pas aussi l'autre nom donné au serpent corail ? 

Pour titrer le vingt-troisième album des aventures de Blake & Mortimer, le terme "scytale" aurait été pédant, sans effet évocateur pour le lecteur septuagénaire (qui conserve avec malice et nostalgie au fond de sa poche, dans un carré de papier de soie, un bout de craie jaune avec laquelle, en hiver 1953, il traçait la lettre mu sur le mur de l'école, près des plaques d'égout PAM - Pont-à-Mousson - sur le parvis de l'église paroissiale, à la manière de Jacobs c'est à dire à l'intérieur d'un cercle que lui rappelle désormais la boucle de l'arobase).

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L'expression "Le Bâton de Plutarque", demi-alexandrin, du genre "Le Chien des Baskerville", "Le Temple du soleil", "Le Château des Carpathes", "Le Livre de la Jungle" ou encore "Les Lanciers du Bengale", "Les Nuits de Cabiria" et "Le Déjeuner sur l'herbe", est un titre réussi même si l'on ignore tout du scytale de Lysandre. Son rythme (2 x 3), les échos sonores (B/P, T/T), la proximité d'un nom commun (bâton, nul ignore ce terme) avec un nom propre (Plutarque, inconnu pour beaucoup, reconnu pour quelques autres) suscitent un vif intérêt, pique l'envie d'en savoir davantage. Associer ce titre, sur la couverture de l'album,  avec une image d'avion accentue cette curiosité, d'autant plus que, excepté celles et ceux qui boudent ou méconnaissent les toujours actifs Blake et Mortimer, tout le monde perçoit l'étrangeté de cette aviation d'avant-garde placée dans une époque ancrée dans le passé. 

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