GRIFFONNADE 320 : Que faire devant une épreuve ?
Bernard WERBER aime dans ses romans glisser des idées,
des réflexions, des hypothèses, des affirmations qui constituent au fil des romans une encyclopédie curieuse et suscitant conversations diverses et variées.
Ainsi, il explique dans "L'empire des anges" que devant une épreuve tout être humain, selon sa nature et les circonstances, dispose de trois possibilités :
- l'attitude la plus immédiate serait de combattre : en transformant le coup reçu, physique ou moral en un coup rendu l'individu adopte une saine réaction avec le risque de glisser dans une spirale d'aggressions répétées ;
- plus admise aujourd'hui est l'attitude de ne pas réagir, de ne rien faire : en retenant sa hargne, en rejetant toute susceptibilité d'amour-propre ou d'honneur, la spirale d'aggressivité peut être judicieusement évitée mais on crée alors un terrain propice aux maladies psychosomatiques : ulcère, névralgie, rhumatisme, psoriasis...
- reste la solution de fuir.
Certaines personnes choisiront une fuite chimique. L'alcool, la drogue, le tabac, les somnifères et tranquillisants ouvrent les portes de l'oubli, du délire et du sommeil où le réel, insupportable, s'efface.
D'autres préféreront une fuite géographique. Les déplacements successifs mènent de travail en nouveau travail, de cercles d'amis à de nouveaux cercles d'amis, d'une lieu de vie à un nouveau cadre de vie. Les problèmes changent de décor sans trouver de solution.
Les derniers transformeront la douleur, la colère la rage en oeuvres d'art (film, musique, roman, tableau...). Cette fuite artistique produit un effet de catharsis sur la personne concernée et, par ricochet, sur les personnes qui accèdent à leurs oeuvres.