GRIFFONNADE 376 : Etude des langues anciennes
Mais pourquoi étudier le grec antique ?
(D'après Une certaine idée de la Grèce, Jacqueline de Romilly)
Un argument didactique, un argument critique, un argument rhétorique, un argument éthique, un argument esthétique et... un argument d'utilité publique !
Argument didactique : pour apprendre l'exactitude ; le grec ancien est une langue à flexions (avec des déclinaisons), sa pratique développe des capacités d'analyse et de concentration (identification des erreurs et découverte de l'exactitude).
Argument critique : pour acquérir un esprit de jugement ; le logos grec allie la parole et la pensée, les Grecs ont inventé la tragédie, la philosophie, l'histoire et la démocratie, autant de lieux où s'affrontent des points de vue opposés ; la pratique de la langue grecque initie et exerce au débat contradictoire (question réccurent : "Qui a quelque chose à dire ?").
Argument rhétorique : pour améliorer les capacités de démonstration et de persuasion.
Argument éthique : pour permettre l'épanouissement des qualités humaines ; l'étude des grands textes pénétrés des grandes valeurs civilisatrices et morales communique une sorte de familiarité avec ces valeurs et aide à se forger un idéal de vie.
Argument esthétique : pour goûter à la beauté de la littérature grecque ; la clarté présente dans les textes grecs donne aux choses une simplicité et une pureté originelles ; cette littérature naît dans un monde où la transcription écrite pose problèmes techniques et pratiques ; rares, ces textes sont très travaillés, leurs mots pesés, soupesés.
Argument utile : pour répondre à l'argument opposé à l'étude du grec et ancré sur l'inutilité de le pratiquer ; l'étude du grec oeuvre pour la culture en général donc contre l'inculture ; la culture n'est pas un privilège social, un patrimoine réservé à une caste, un clan ; la culture est transmissible et formatrice ; la culture antique est très présente : édition, théâtre, architecture... Peut-on envisager que seul l'enseignement lui tourne désormais le dos ? La culture reste-t-elle d'utilité publique ?